Extraits du livre d’Henri Guillemin :

La vérité sur l’affaire Pétain. Éditions utovie/h.g. 2012.

Par deux fois, en 1916, Pétain conseilla l’abandon de la rive droite de la Meuse ; par deux fois Joffre fut obligé de lui interdire ce repli désastreux. On comprend mieux alors ces lignes trop ignorées mais catégoriques du Maréchal Joffre dans ses mémoires (tome II, p. 269) : si l’histoire ne reconnaît le droit de juger les généraux qui opérèrent sous mes ordres, je tiens à affirmer que le vrai sauveur de Verdun fut Nivelle….

…Au début de cette année 1918, on voit le général Pétain s’employer de toute son énergie à contrecarrer les desseins offensifs de Foch ; il se dépense, il multiplie les démarches et les arguments, commettant même, ainsi que le démontre Chadebec de Lavalade, « une stupéfiante erreur de calcul de près de 40 divisions sur 200 ». Le 26, Poincaré consigne dans ses carnets ce que Clemenceau vient de lui apprendre : « Il (Pétain) m’a dit une chose que je ne voudrais confier à aucun autre qu’à vous ; c’est cette phrase : les Allemands battront les Anglais en rase campagne, après quoi ils nous battront aussi ».

Le 4 juin 1918, Pétain propose d’abandonner nos positions entre Dunkerque et Amiens s’est d’établir le front entre Amiens et la mer, sur la somme ; ainsi, commente Chadebec de Lavalade, « le 4 juin 1918, exactement 44 jours avant la date où Foch va jeter les armées alliées dans une offensive irrésistible qui, en quatre mois, les conduira à la victoire, il s’est trouvé un général en chef français pour proposer l’abandon spontané des dernières parcelles de la Belgique libre, de Dunkerque, Darras, de Doullens, de toute la côte française au nord de la Somme, et pour envisager l’abandon, à la première alerte, de Verdun, de Nancy, des Vosges et de toute l’Alsace ».

Le 15 juillet, les Allemands attaquent. « Pétain, écrit le général Tournès dans l’histoire de la guerre mondiale, concède aussitôt la victoire à l’adversaire ». Le même jour, en effet, 15 juillet 1918, à 10 heures, malgré les instructions formelles de Foch interdisant de modifier la répartition des réserves en vue de l’opération offensive qu’il méditait, Pétain donne à Fayolle l’ordre d’arrêter la préparation de l’entreprise. Et encore une fois Foch doit réparer cette intervention déplorable….

…En septembre 1918 enfin, à deux mois du triomphe, on verra Pétain s’efforcer de peser sur l’esprit de Foch pour interrompre l’offensive en cours et la suspendre au moins jusqu’au printemps.


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