Si on reparlait du communisme ?

Jamais le communisme n'a jamais été autant d'actualité qu'en ce moment, comme réponse à la crise du capitalisme qui a commencé bien avant la crise sanitaire. Eric Toussain (1) dans un article daté du 4 mars 2020 écrivait. Ce n’est pas le coronavirus et son expansion qui constituent la cause de la crise, l’épidémie n’est qu’un élément détonateur. Tous les facteurs d’une nouvelle crise financière sont réunis depuis plusieurs années, au moins depuis 2017-2018.

La faillite du marché et de la mondialisation capitaliste, face à la pandémie illustre parfaitement ces propos.

Comme le souligne Bernard Vasseur, la crise sanitaire a signé la fin du règne imbécile du « tout économique » (2), ou plutôt du tout marchand. Hervé Kempf a titré son dernier livre : Que crève le capitalisme. Ce sera lui ou nous. (3)

De nombreux auteurs contemporains écrivent sur la modernité de Marx et du communisme (4). Le parti communiste ne doit pas rester en dehors de ce débat il doit remettre à l'ordre du jour le communisme, tel que Marx et Engels le définissaient :

Le communisme n'est pour nous ni un état qui doit être créé, ni un idéal sur lequel la réalité devra se régler. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l'état actuel. Les conditions de ce mouvement résultent des prémices actuellement existantes.

Ça n'est pas l'emploi qu'il faut protéger c’est l’Humain et la nature (pléonasme). Il faut garantir le salaire à la qualification pour tous (et non pas un revenu) à fixer dans une hiérarchie de 1 à 4 avec un maximum. Et cela quelque soit la situation du salarié (hors emploi, en formation).

Valoriser les prémices d’un communisme Français.

Elaborer et populariser un plan de reconquête des grandes réalisations du programme du CNR impulsée à la Libération par les ministres communistes.

Nationalisation d’EDF-GDF, de la SNCF, de la Poste et des télécommunications, de notre système de Santé.

Reconquérir la Sécurité sociale financée par une cotisation sur la valeur ajoutée et s’agissant d’un salaire socialisé, gérée uniquement par les salariés (sur la base d’élection à la proportionnelle sur listes syndicales) qui représentent plus de 90% de la population active. Elle doit assumer des prises en charge à 100% avec tiers payant, en intégrant les personnels des mutuelles.

« Nous voulons que demain les travailleurs considèrent que les institutions de Sécurité sociale sont des institutions à eux, gérées par eux et où ils sont chez eux. Pour cela il faut des organismes très proches des intéressés ; il faut qu'en outre des caisses, chaque groupe local ait sa section ; il faut que dans chaque entreprise le comité entreprise désigne en son sein un délégué à la Sécurité sociale qui fera l'éducation de ses camarades, qui servira aussi d'intermédiaires pour la constitution des dossiers et pour leur transmission aux caisses. Il faut humaniser les institutions de sécurité sociale ». (Pierre Laroque). (5)

Il faut reconnaitre le travail hors emploi. Ce que fait Croizat en attribuant 225 heures par mois du salaire d’un OS de la métallurgie aux parents de 2 enfants. Il en finit avec les allocations familiales comme reconnaissance du coût de l’enfant pour les définir comme un salaire qui est dû aux parents en tant que parents, et qui représente une production de valeur supérieure à celle d’un ouvrier spécialisé de la métallurgie, car, à l’époque, même s’ils travaillent plus qu’aujourd’hui puisque nous assistons heureusement à une réduction du temps de travail, les OS de la métallurgie ne faisaient pas 225 heures par mois. Les allocations familiales était financée par une cotisation d’entreprise.

En même temps, il y a des emplois dont la suppression serait un bienfait pour l'humanité. Pourquoi payer des gens pour fabriquer des poisons comme chez Monsanto par exemple. Pourquoi payer des conseillers en communication qui ne produisent aucune valeur ajoutée ?

Le pouvoir.

La propriété est un pouvoir. Un pouvoir des hommes sur des choses et, par-là, un instrument possible de domination des hommes sur d’autres hommes. (6).

Si l'on veut construire une société plus juste, et construire le communisme il est indispensable de chasser les parasites et de faire des entreprises des propriétés d’usage gérées par les salariés. Ceux-ci ont fait la preuve de leur capacité à gérer la Sécurité sociale pendant 20 ans, de 1947 à 1967, avec un budget supérieur à celui de l'État. Aujourd'hui, mieux formés, ils peuvent aussi gérer leurs entreprises dans l’intérêt général.

On peut commencer tout de suite, comme par exemple avec l'entreprise Luxfer qui fabrique des bouteilles d'oxygène indispensable à l'hôpital et aux pompiers. L'usine existe, les salariés sont formés, les patrons veulent se débarrasser de l'entreprise. Les conditions sont remplies pour que les salariés s'en emparent. Et la lutte consistera à ce que les aides soient attribuées aux salariés pour faire tourner l'usine. L'expérience montre que les aides au patronat ne mènent à rien sinon engraisser les actionnaires.

« La lutte du prolétariat contre la bourgeoisie n'est pas dans son fond, mais sera dans sa forme, une lutte nationale. Le prolétariat de chaque pays doit en finir d'abord avec sa propre bourgeoisie ». (7)

La libre entreprise.

« Ce qui caractérise le communisme, ce n'est pas l'abolition de la propriété en général, mais l'abolition de la propriété bourgeoise. … La propriété personnelle, fruit du travail et du mérite ! Veut-on parler de cette forme de propriété antérieure à la propriété bourgeoise qu'est la propriété du petit-bourgeois, du petit paysan ? Nous n'avons que faire de l'abolir : le progrès de l'industrie l’a aboli et continue à l'abolir chaque jour.

Vous êtes saisis d'horreur parce que nous voulons abolir la propriété privée. Mais, dans votre société, la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses membres ; elle existe pour vous précisément parce qu'elle n'existe pas pour ces neuf dixièmes. Vous nous reprochez donc de vouloir abolir une forme de propriété qui ne peut exister qu'à la condition que l'immense majorité soit nécessairement frustrée de toute propriété.

En un mot, vous nous accusez de vouloir abolir votre propriété à vous. C'est bien ce que nous voulons. À la place de l'ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses antagonismes de classes, surgit une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ». (8)

En réalité dans la « libre entreprise » les salariés ne sont pas libres et c'est justement eux qu'il faut émanciper.

Pour cela il faut enlever au capitaliste les moyens de production et d'échange en commençant par les plus nécessaires à la population. Il faut nationaliser dans un premier temps et en faire des propriétés d'usage à l'instar de la Sécurité sociale de 1946 qui appartenait à l'ensemble des Françaises et des Français, selon les mots d'Ambroise Croizat.

« Nous pourrions nous demander d'où vient ce singulier phénomène qui fait qu'on trouve sur le marché un groupe d'acheteurs en possession du sol, de machines, de matières premières et des moyens de subsistance, toutes choses qui, sauf la terre dans son état primitif, sont des produits du travail, et, de l'autre côté, un groupe de vendeurs n'ayant rien à vendre que leur force de travail, leurs bras et leurs cerveaux agissants ? Que l'un des groupes achète continuellement pour réaliser du profit et s'enrichir pendant que l'autre groupe vende continuellement pour gagner sa vie ? L'étude de cette question nous conduirait à la recherche de ce que les économistes appellent l'accumulation antérieure ou primitive, mais qui devrait être appelée l'expropriation primitive ». Marx. (9)

Il faut instaurer une véritable proximité pour les productions essentielles., Reconquérir des services publics avec un monopole public notamment pour la santé, les transports, l'eau et l'énergie.

Pour l'énergie, et l'eau avec une quotité gratuite au-delà de laquelle on peut facturer.

En terminer avec les mesures pour les pauvres qui sont toujours de pauvres mesures. Instaurer progressivement le salaire à vie pour tous à la qualification.

Le programme du Conseil National de la Résistance doit toujours nous inspirer.

Par exemple :

-         La reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ;

-         L’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ;

Les aides aux entreprises.

Il faut en terminer avec les aides aux capitalistes qui ne servent qu’à engraisser les actionnaires. Il ne faut pas se raconter d’histoire sur l’impossible contrôle de l’utilisation des fonds publics. L’argent il faut le donner aux salariés qui sont les mieux placés pour une utilisation efficace.

Faire des économies.

En finir avec les privilèges des anciens présidents de la République.

L’addition des structures dans la société (grandes régions, départements, métropoles) qui ont été inventées au prétexte du « mille-feuilles » sont antidémocratiques et n’ont fait qu’ajouter des couches au mille-feuille. Il me semble que commune – département – nation seraient suffisant et plus proche du citoyen.

 

 

 

 

NOTES.

  1. Economiste.
  2. Après la crise sanitaire ? L’après capitalisme. Bernard Vasseur.
  3. Que crève le capitalisme, ce sera lui ou nous. Hervé Kempf
  4. Bernard Friot : Réussir le communisme et Un désir de communisme - Bernard Vasseur :  Le communisme a de l'avenir. Henri Pena-Ruiz : Marx quand même – Karl Marx penseur de l’écologie – John Bellamy Foster : Marx écologiste. Jusqu'à Jacques Attali qui y a été de son ouvrage : Karl Marx ou l'esprit du monde.
  5. Le plan français de sécurité sociale - avril 1946.
  6. Là où est la propriété là est le pouvoir. Anicet Le Pors. « L’Humanité » du 12 janvier 2006.
  7. Le manifeste du parti communiste. Karl Marx.
  8. Le manifeste du parti communiste. Karl Marx
  9. Salaire, Prix et Profit  (Marx)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog