L'appel du 17 juin 1940, Charles Tillon

" Les gouvernements bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini l'Espagne, I'Autriche, l'Albanie et la Tchécoslovaquie... Et maintenant, ils livrent la France. lls ont tout trahi. Après avoir livré les armées du Nord et de l'Est, après avoir livré Paris, ses usines, ses ouvriers, ils jugent pouvoir, avec le concours de Hitler, livrer le pays entier au fascisme. Mais le peuple français ne veut pas de la misère de l'esclavage du fascisme. Pas plus qu'il n'a voulu de la guerre des capitalistes. ll est le nombre : uni, il sera la force, Pour l'arrestation immédiate des traîtres, Pour un gouvernement populaire s'appuyant sur les masses, libérant les travailleurs, établissant la légalité du parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200 familles, s'entendant avec l'URSS pour une paix équitable, luttant pour l'indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes. Peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes, UNTSSEZ VOUS DANS L'ACTION ! "

Charles Tillon. Gradignan le 17 Juin 1940.

Charles TILLON était un des chefs nationaux des FTPF. (3 juillet 1897 - 13 janvier 1993) Charles Tillon a défini la tactique de la boule de mercure : les petits groupes apprennent "à se rendre chaque fois, insaisissables, comme une boule de mercure qui éclate entre les doigts qui veulent s'en saisir et retrouve son poids spécifique". De Palaiseau puis de Limours, le clandestin Tillon, camouflé en M. Allais, peintre amateur, organise et structure ce qui va devenir les FTPF, les francs-tireurs et partisans français. Le 9 septembre 1940, le général de Gaulle décide de le nommer ministre de l'Air, voulant "faire appel au concours de celui qui s'est tout récemment distingué dans l‘action héroïque grâce à laquelle Paris a été libéré". ll restera au gouvernement jusqu'en 1947.

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Il est faux de prétendre que le PCF a attendu l’invasion de l'URSS par les troupes d'Adolf Hitler le 22 juin 1941 pour entrer en résistance. Comme j’ai essayé de le montrer en m’appuyant sur le livre de Pierre Maury « La Résistance communiste en France ».

Quelques éléments pour comprendre.

Le 30 septembre  1938 les accords de Munich, c’est la trahison des « élites »

Les signataires des accords de Munich :  Chamberlain, Daladier, Hitler, Mussolini et Ciano. Les accords de Munich ont été signés à la fin de la conférence de Munich, le 30 septembre 1938, par l'Allemagne (Hitler), l'Italie (Mussolini), la France (Édouard Daladier) et le Royaume-Uni (Neville Chamberlain).

France : le 26 septembre 1939 - Interdiction du Parti communiste français -
Au prétexte de la signature du Pacte germano-soviétique du 23 août, le gouvernement français décrète l'interdiction du PCF et la dissolution de toutes les municipalités administrées par des communistes.

« Le président Daladier vous demande de voter cette motion ». Motion qui condamnait le traité de non-agression conclue entre l’URSS et l’Allemagne, et que la propagande anticommuniste - et pas mal d’historiens par la suite - ont alors appelé « le pacte germano soviétique », évoquant l’image pacte avec le diable. (Pierre Villon) (1)

 

Le PCF est complètement désorganisé ses dirigeants sont soit en prison (par exemple Ambroise Croizat) soit dans la clandestinité comme par exemple Jacques Duclos et Benoît Frachon. Il a d’abord fallu que le parti se réorganise.

Dans la préface du livre de Pierre Maury, Louis Baillot écrit : « que n’a-t-on pas dit, que ne dit-on pas encore sur leur Résistance : encore aujourd’hui, malgré les très nombreuses pour tangibles et irréfutables, on continue de dire dans les médias et décrire que les communistes auraient attendu juin 1941 avec l’entrée en guerre de Hitler contre l’Union soviétique pour que les communistes participent à la résistance. En dressant la liste de leurs actions réparties dans toute la France, Pierre Maury montre que dès le début de l’occupation nazie nombreux furent les communistes, et parmi eux et elles, des jeunes, qui entrèrent en Résistance donnant ainsi un caractère national à l’activité clandestine du parti communiste français. (2)

Témoignage de Pierrot Lamy recueilli dans une manifestation.





« J’avais 17 ans lorsque j’ai rejoint le maquis du Vercors. Alors je n’étais pas engagé politiquement. Un jour j’ai rencontré des résistants communistes qui « accaparaient » des parachutages qui ne leur étaient pas destinés. Je leur ai demandé pourquoi et ils m’ont répondu nous somment obligés car nous on ne nous envoie rien. Ce jour-là je suis devenu communiste ».

 

Personnellement, j’aime rappeler que le 19 octobre 1940, jour de ma naissance, un groupe du PCF pousse dans l’Oise trois soldats allemands. (2).

Dans la préface du livre « les guerres de Staline » signé Annie Lacroix Riz, on peut lire :

Le dossier soviétique ne relève pas en France de l’étude historique mais de la lutte idéologique ou de la propagande politique stricto sensu. Pour empêcher le public de s’informer, rien ne vaut le barrage linguistique, censure scientifique insurmontable. Contradictoire avec l’idée d’une « alliance » entre les soviets et le troisième Reich, les analyses documentées que Roberts avait consacrées à la phase précédant l’opération Barbarossa n’ont jamais été traduites. Elles sont donc demeurées inconnues en France. « Les guerres de Staline » le seraient resté si le petit éditeur indépendant Delga ne s’était avec courage engagé dans la traduction des « guerres de Staline de la guerre mondiale à la guerre froide, 1939-1953 » ouvrages le plus important de Geoffrey Roberts (3) à cette date (2014).

Sur la période stricte annoncée par le titre de l’ouvrage, Roberts a travaillé de façon approfondie. Il rappelle ce qui a nourri ses ouvrages antérieurs, les conditions qui avaient imposé à l’URSS la signature du pacte germano soviétique. Lequel ne fut jamais une alliance mais une sage précaution, imposée par le comportement des Anglais des français vainement sollicités par Moscou depuis 1933. Depuis l’avènement des cités rien les deux puissances conjointes de reconstituer l’alliance défensive de 1914 avaient d’ailleurs formellement prévu que l’URSS serait contrainte de passer un compromis provisoire avec Berlin si elle échouée à renouveler contre l’agression allemande l’alliance de revers tripartites, défensive et automatique de la Grande guerre. Roberts étudie pas à pas l’évolution des rapports germano soviétique entre le 23 août 1939 et le 22 juin 1941, et il décrit avec scrupule le lien organique entre les triomphes allemands « éclair » en Pologne (septembre 1939) et à l’ouest (avril-juin 1940) et les gages territoriaux saisis par l’URSS à ses frontières : invasion par la mer Rouge le 17 septembre 1939, de la Galicie orientale consécutive à la débâcle polonaise, puis, en juin-juillet 1940, des pays baltes et de la Bessarabie, consécutive à la débâcle française.

Cet ouvrage apporte la démonstration catégorique que la victoire militaire contre la Wehrmacht fut une victoire soviétique.

Faute de Triple Entente et donc d’alliance de revers défensive et formelle, avaient-ils régulièrement répété depuis lors, l’URSS serait contrainte de composer momentanément avec Berlin : c’était pour elle le seul moyen de gagner le « répit » (Geoffrey Roberts) indispensable à la mise sur pied de guerre, la moins imparfaite possible, de son économie et de son armée face à un adversaire allemand à cette date encore très supérieur

Le 24 octobre 1940, la poignée de main échangée entre Hitler et Pétain sur le quai de la gare de Montoire scelle l'entrée de la France dans la Collaboration. Après la guerre, les uns ont prétendu que cette politique avait été imposée à la France par l'Allemagne nazie.

C’est qui l’ami des nazis ?


Michel Cialdella

 

 

 

 

 

 

1.      Pierre Villon, résistant de la première heure. Livre d’entretien avec Claude Willard. Éditions sociales.

2.      la Résistance communistes en France. Le Mémorial. Éditions le temps des cerises. 2008.

3.      Geoffrey Roberts est professeur d’histoire à l’University collège de Cork en Irlande. Il est depuis 1989 un spécialiste reconnu des relations germano soviétique entre 1933 et l’opérations Barbarossa. Entre 1998 et 2002, il a abordé les domaines des relations internationales de l’URSS entre victoire militaire et chute du pouvoir soviétique, puis, via un livre sur Stalingrad, de l’histoire militaire de la deuxième guerre mondiale. Ces incursions ont servi de prélude à la présente étude approfondie sur les « guerres de Staline » ouvrages le plus important de Roberts à cette date (2014).

 

 


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